Nous arrivons en septembre, à moins de six mois de mes soixante-huit ans. Quand j'en avais huit, voire dix-huit, jamais je n'aurais imaginé ma vie à un âge aussi avancé. En fait, se voir dans une personne âgée est presque impossible pour une jeune personne. Certes, elle a conscience qu'elle avance en âge, sans pourtant visualiser son corps qui se dégrade au point de constituer une entrave à l'action, à la mobilité, voire à la réalisation de certaines activités. Même un simple projet devient difficile à formuler.
On crie sur tous les toits qu'il faut vivre un jour à la fois. Personnellement, je fonctionne à la saison, pas à la journée. J'ai déjà écrit à quelque part que cesser de faire des projets revient à mourir un peu, de mourir avant l'heure, quoi. Avais-je tort d'écrire de telles choses ? Simone de Beauvoir a écrit, elle, que la seule façon de vieillir était de continuer à faire ce qu'on a toujours fait... Honnêtement, cela m'importe peu, maintenant, de la justesse d'un propos, d'une citation, car avoir tort ou raison n'a aucun sens dans la perspective de notre finitude. La seule vérité de l'âge de la vieillesse est que nous allons mourir dans un, cinq, dix ou vingt ans. Nous le savons tous, tout en ignorant tous le moment de la fin. Et tout en continuant à vivre comme si de rien n'était... Après soixante ans, la grande faucheuse peut nous honorer de sa visite n'importe quand. Aussi bien se tenir prêt, comme le préconise le Fils de l'Homme dans les Évangiles.
N'empêche qu'en ce quatrième âge de mon existence, je m'interroge sur ce que je peux apporter au monde. Je suis lu par une centaine de personnes, pas davantage. Alors, vaut-il vraiment la peine d'écrire, de publier des billets sur des blogues ? Je ne crois pas être en mesure de répondre à cette question, même si j'estime que l'expression, celle qui se pratique en solitaire (et non celle qui consiste à vociférer sur les réseaux sociaux), ne saurait être tout à fait vaine. Au final, tout ce qui compte, et en l'écrivant je suis conscient de me répéter (l'âge, sans doute...), c'est que je suis plus heureux quand j'écris que quand je n'écris pas. Ai-je besoin de me justifier à l'aide d'autres arguments ? Non. Écrivons, donc. Ça ne fait de mal à personne.
2024-08-27 : écriture, existence, expression, créativité