Daniel Ducharme

Un avenir étroit

Je devais écrire chaque jour mais, visiblement, j'ai du mal à le faire, du moins depuis que la maladie s'est invitée dans ma famille. Pourtant, quand j'y arrive, écrire me fait du bien. Écrire m'aide à réfléchir, à voir plus clair en moi, et quand j'arrive à terminer un texte, ne serait-ce qu'un texte de 500 mots, je ressens une certaine satisfaction. Aujourd'hui, en me remémorant mes propres consignes diffusées au début de l'année 2023, je vais me remettre à cet exercice quotidien, même si j'écris sans avoir strictement rien à dire.

Pendant la pandémie, j'éprouvais beaucoup d'anxiété quand il était question des problématiques des trans, des autochtones, du démantèlement des icônes du passé, etc. Comme si je sentais que le monde d'avant, celui que je connaissais depuis la fin des années 1960 (presque toute ma vie, quoi), s'effondrait sous mes pieds. Et le fait que cet effondrement social coïncidait avec un virus foudroyant de portée mondiale n'aidait à rien à calmer mon agitation intérieure. Mais voilà que je suis devenu indifférent à tout ça. Une femme d'ici, à la radio, évoquant une histoire de viol sordide en France, clame que le vers est dans le fruit, c'est-à-dire dans le cœur de l'homme, de l'être masculin. Il y a quelques années, ça m'aurait fait mal d'entendre cela, mais aujourd'hui je m'en fous complètement, car je ne me sens tout simplement pas concerné. Franchement, pénétrer une femme droguée qui n'a aucune conscience de ce qu'on lui fait ne provoque en moi aucune excitation sexuelle. Moi, ce que j'aime, c'est que la femme soit active, pas quand elle se laisse faire sans rien dire. Alors, je n'ai absolument rien de commun avec la centaine de gars qui ont pris du plaisir à faire ça. Qu'ils pourrissent en prison pendant quelques années, je n'en ai rien à cirer.

Je remarque que je suis vraiment passé à un autre état, un état qui me rend indifférent au monde, un état qui m'amène à considérer les quelques années qui me restent à vivre, hors du bouillonnement du monde pour lequel je ne peux rien. Déjà, le problème environnemental, le plus crucial de tous les problèmes, n'est pas vraiment pris au sérieux par les politiciens occidentaux qui préfèrent s'occuper de guerre, de marché commercial, de leur "démocratie" qu'ils souhaitent transmettre aux pays moins avancés qu'eux sur le plan technique, technologique. Non, l'environnement EST le problème du monde actuel, et non la rivalité commerciale entre les États-Unis et la Chine. Puisque je mourrai bientôt, ma modeste personne ne se préoccupe plus vraiment de ça. En revanche, je suis triste pour les jeunes de ce monde, et encore plus triste pour leurs enfants, soit mes petits-enfants, qui vivront certainement plus difficilement que nous, les gens de ma génération. Ce sont eux que je plains le plus, au fond, eux qui doivent écouter les discours creux des publicitaires qui vantent l'écotourisme et la consommation responsable tandis des véhicules de plus en plus lourds, de type V.U.S., pullulent dans les rues de nos villes. L'avenir est étroit pour les jeunes de moins de trente ans.


2024-10-13 : environnement, jeunesse, société