Je suis venu passer quelques jours à Pont-Rouge avec ma femme. Quelques jours qui passeront à la vitesse de la lumière, je sais. Mais ça fera du bien, malgré le coût prohibitif du moindre hébergement au Québec. Depuis la pandémie, le prix du logement a explosé, minant la qualité de vie de la classe moyenne. Et je ne parlerai pas des pauvres, ceux qui ne peuvent même pas d’enorgueillir d'appartenir à cette moyenne. Pourquoi en est-on arrivé là ? Pression de l'immigration ? Il est clair que, même si on associe à la droite politique tout discours sur l'immigration, on ne peut pas nier que des centaines de milliers de personne en plus sur un territoire ne peuvent qu'avoir un effet sur le logement. Mais l'immigration a bon dos, au fond, un exutoire facile, car rien n'obligeait les élus à donner le feu vert à la spéculation immobilière.
Cette crise du logement accentue la pression sur les salaires aussi. Et plus les gens son payés, plus les prix montent aussi. D'où crise sur logement doublée d'une inflation galopante. Peut-être suis-je toujours animé par des valeurs du catholicisme de mes ancêtres, une sorte de catholicisme résiduel comme le dit Houellebecq dans ses romans, mais il y a quelque chose qui me rebute dans l'idée qu'il faille toujours avoir plus. Les enseignants, les infirmières, les agents de bords, comme si tout le monde était en train de crever de faim. J'ai un malaise avec ça, car je sais que personne ne pourra verser un salaire de 80 mille dollars à un garçon de café ou à la serveuse du restaurant où vous allez parfois manger vos œufs le matin. Et pourtant, ils sont aussi utiles que les autres, assumant un rôle essentiel dans la société, participant au vivre ensemble, à la convivialité du quotidien.
Je suis en vacances à Pont-Rouge, une petite ville du comté de Portneuf qui compte davantage de VUS dans ses rues que de vaches dans ses champs. Je vais mourir dans ce monde qui me survivra moins d'une centaine d'années après ma disparition. Comme vous le voyez, je n'ai guère d'espoir, et je ressens déjà de la pitié pour nos petits-enfants…
2024-09-08 : société